Avec ce questionnaire débute une série qui sera présentée aux lecteurs durant l’été, sur les auteurs de Plaisir de Lire et leurs habitudes d’écriture. Nous leur avons posé trois questions permettant de comprendre comment ils exerçaient leur activité d’écrivain(e). Les mêmes questions ont été posées à chacun, mais vous constaterez que leurs réponses n’en sont pas moins variées…
Michel Diserens inaugure cette série. Il est l’auteur de la série des aventures de l’intrépide enquêtrice et spéléogue Sophie Lanzmann, qui compte pour le moment deux volumes, Dangereuse Immersion et Trajectoires meurtrières, et, plus récemment, des Funambules de l’indifférence, un roman dont l’action se passe en Colombie.
1) Parlez-nous de vos habitudes d’écriture. À quel(s) moment(s) de la journée écrivez-vous ? Combien de temps par jour (ou par nuit) y consacrez-vous ? Ecrivez-vous tous les jours où avez-vous des périodes (de la semaine, du mois, de l’année) plus propices que d’autres à cette activité ?
Après l’avoir constaté lors de nombreux échanges avec d’autres auteurs, je crois pouvoir affirmer que je suis très atypique dans le domaine de l’écriture. En effet, mes vies professionnelle et familiale étant particulièrement intenses, mes habitudes d’écriture ont énormément évolué lors des dix dernières années. Aujourd’hui, j’ai pris l’habitude de n’écrire les 1ers jets de mes romans que lors de vacances d’été en famille, au bord de la mer. J’ai par exemple rédigé les 200 pages de Trajectoires meurtrières en exactement 13 jours, à raison de 8 heures quotidiennes. Le reste de l’année, je le consacre à retravailler mes 1ers jets, à préparer le synopsis du roman suivant et à m’occuper de la promotion de mes livres.
2) Ecrivez-vous à la main ou sur un ordinateur, ou une combinaison des deux ?
Exclusivement à l’ordinateur, tout autre processus d’écriture étant beaucoup trop lent pour moi.
3) Henri Troyat écrivait debout, Gustave Flaubert déclamait ses textes, Amélie Nothomb avale un demi-litre de thé noir pour se mettre « en transe » avant d’écrire. Avez-vous, comme eux, des habitudes un peu excentriques liées à votre activité d’écrivain ?
Le fait que je n’aie jamais eu de bureau ni de lieu calme pour l’écriture m’a poussé à écrire en musique, un casque vissé sur les oreilles ; je choisis souvent des morceaux adaptés au type de passage que j’écris (par exemple, un bon vieux Pachelbel dans les passages mélancoliques ou un peu de Rhythm and Blues de Maceo Parker pour une scène d’action) ; en revanche, j’évite totalement les morceaux en français qui entrent en collision avec mes pensées. Je ne bois jamais d’alcool pendant le travail d’écriture (étant donné la consommation de produits de pas mal d’artistes lors de l’acte de création, écrire à jeun peut être considéré comme quasi-excentrique) et j’en oublie souvent de m’alimenter durant de nombreuses heures tant je suis concentré dans mon travail. Je fais au moins une lecture à voix haute, debout dans ma chambre à coucher, juste avant de terminer la version dédiée à mon éditeur.