Article paru dans le Journal du Jura du lundi 31 octobre 2011:
Au CCL, une écrivaine qui “dépassait les bornes”
St-Imier, où elle née, la redécouvre, et la manifestation qui avait lieu samedi matin au CCL dans le cadre de l’exposition «Elles dépassent les bornes», a mis en lumière quelques facettes de cette auteure et de son œuvre décrite comme «riche, fondamentale et méconnue». Clarisse Francillon (1899-1976), a signé une vingtaine d’ouvrages romanesques. Les Éditions Plaisir de Lire ont déjà réédité d’elle deux recueils de nouvelles et deux romans, dont Le désaimé, présenté à St-Imier il y a deux ans.
Au fil de ces rendez-vous proposés par le CCL et Plaisir de Lire, maison d’édition romande animée par des bénévoles, Clarisse Francillon se révèle peu à peu, presque aussi mystérieuse qu’est célèbre chez nous son grand-père Ernest Francillon, fondateur de la manufacture Longines. «C’était une femme indépendante et secrète», dit d’elle Catherine Dubuis, maître d’enseignement à l’Université de Lausanne, qui met la dernière main à une biographie de l’écrivaine «imérienne». Sa sensibilité – et ses étincelles d’ironie – apparaissaient dans les extraits de textes lus par la comédienne Isabelle Chabanel.
En dehors de son œuvre de fiction – dont la part autobiographique est difficile à cerner – les rares traces qu’on trouve de Clarisse Francillon sont également littéraires: échanges de correspondance, notamment avec Roger Martin du Gard et Pierre Girard, auquel elle écrivit un jour: «Ma vie personnelle est très compliquée.»
C’est dans les fonds universitaires de ces écrivains que Catherine Dubuis a puisé une partie des renseignements qu’elle rassemble, d’autant plus patiemment que Clarisse Francillon avait brouillé les pistes en brûlant systématiquement les lettres qu’elle recevait. Mais on apprend aussi de cette femme très engagée politiquement, qu’elle a appartenu à l’union des écrivains socialistes, dont elle était administratrice (à l’époque de mai 1968 et jusqu’à sa mort), et qu’elle était amie de Clara Malraux. Et aussi qu’elle a fait don de sa bibliothèque de 5000 livres – autres éléments révélateurs de sa personnalité – à la bibliothèque de Vevey. Elle admirait Proust, Tchékhov, Virginia Woolf…
Clarisse Francillon a passé la majeure partie de sa vie à Paris (dès 1934), et consacré l’essentiel de son œuvre romanesque à des “vies personnelles très compliquées” qui mettent souvent en scène d’impossibles amours. “J’ai essayé de construire, à partir d’éléments un peu récalcitrants, l’histoire de ce personnage qui nous échappe tout le temps“, explique Catherine Dubuis.
Biographie à paraître en février 2012.